Criogenesis est une pièce qui repose sur un questionnement lié à l'écriture des harmoniques naturels. Prenant la métaphore de la "criogénèse" (science qui vise, non sans se heurter à de nombreux problèmes d'ordre techniques et éthiques à la conservation de cellules souches par le biais de la congélation), la musique se déploie dans un espace restreint, confinée pour l'essentiel en une figure de balayage d'harmoniques devenant des glissandi.
Pour se faire, j'ai opté pour un système d'écriture permettant de dissocier les paramètres de position d'archet, de pression et de position de la main gauche, de sens de l'attaque de l'archet et de jeu sur les quatre cordes, permettant, au final, d'envisager ces paramètres dans une optique de polyphonie.
Les passages en jeu normal sont toujours joués molto ponticello (très près du chevalet) de sorte à opérer une continuité de timbre avec le mode d'écriture principal de la pièce. Les hauteurs émergentes de ces balayages et des figures en jeu normal sont pour ainsi dire, l'expression en forme de métaphore, de ce qu'il pourrait advenir si l'on appliquait (ce qui en soi n'a de valeur que poétique, ou de stimulation de l'imaginaire, bien entendu !) la technique de la criogénèse sur la série harmonique des cordes du violoncelle et que l'on découvrait donc, après un temps de congélation ad. libitum, une matière encore vivante, sorte de concentré en devenir d'un substrat initial…
En cela, cette "image" pourra servir de cadre d'interprétation en impliquant une attitude de jeu particulièrement exploiratoire, voire une approche méticuleuse et scientifique du jeu instrumental.
En 2019, création d'une nouvelle version pour violoncelle et voix étouffée disant des Insultes de Schopenhauer.