Souffles rauques, fugitifs, mélodies brèves, éclatées, gestes sans cesse reconduits, un craquement de porte, un tambour très grave, incantatoire, un feu lointain qui brûle, sons larsen souples, tels sont les éléments de ces "Eclats de ciel". Éclats ou fragments d'une contrée céleste qui, comme le conçoivent les Anciens Mexicains Aztèques, se divise en treize cieux superposés, treize mondes allégoriques au cœur des éléments, des couleurs et des dieux polymorphes.
Selon "La Historia de los Mexicanos por sus pinturas" citée par Jacques Soustelle, chacun des cieux représentait un monde à part dont la signification profonde reste énigmatique. Ainsi, au premier ciel sont associées les étoiles, au deuxième, les TZITZIMIME (monstres à l'aspect squelettique qui se déchaîneront sur le monde), au troisième, les quatre cents gardiens des cieux (...), le septième étant le pays de la poussière (...), le treizième dédié au couple divin primordial TONACATECUTLI et TONACACIUATL. A travers un prisme déformant, je me suis livré à un jeu d'associations de chacun de ces cieux à un "état musical" : phrases ascendantes et brèves associées au feu -gestualité de la flamme- (CIEL 5), bruits de souffles à la figure du vent (CIEL 6), sons multiphoniques aux mondes divins (CIEUX 9 à 13), longues mélodies descendantes aux oiseaux qui descendent sur la terre (CIEL 4)...
Au-delà de l'identification de ces représentations, les préoccupations musicales, et notamment l'aspect formel, m'ont conduit à bouleverser l'ordre de cette chronologie céleste en ne préservant que l'aspect profondément poétique de ces différents mondes. L'allégorie devient alors musicale, abstraite, jouant de cette ambiguïté d'un sens poétique confronté à l'inénarrable, l'électroacoustique apportant sa dose de perturbation par la présence de symboles sonores, comme celui de la porte s'ouvrant sans cesse sur un nouveau ciel... C'est à la Figure emblématique QUETZALCOATL, le serpent à plumes, qu'est consacrée la partie centrale de l'œuvre, intitulée "Agonie du Serpent de Feu" ; cette mort symbolique correspond à une transformation du discours qui, plus épuré, se déploie dans un espace-temps de plus en plus étiré. Alors, l'œuvre s'achemine lentement vers la résonance incantatoire du tambour ancestral, annonciateur du sacrifice...