Immersive et envoûtante, la dernière création de Pierre Jodlowski nous plonge dans un espace aux frontières indéfinies. Composée pour électronique et quatre percussionnistes issus des célèbres Percussions de Strasbourg, la partition intègre également le jeu des lumières et l’écriture de l’espace scénique. Prolongée par un grand écran panoramique, la scène se mue en un espace infini, un territoire où les ombres semblent jouer avec les corps.
Spectacle onirique, Ghostland nous ouvre pourtant les yeux sur le monde d’aujourd’hui : les « fantômes » dont il est ici question renvoient certes aux êtres chers disparus et aux traces conservées par la mémoire, mais aussi, de manière plus métaphorique, à l’individu pris dans les rouages d’un système qui l’arrache au réel, à soi et aux autres.
Sur l’écran, des salles de réunion, de grands bureaux, des espaces froids habités peu à peu par des êtres étranges, fantomatiques... les percussionnistes Minh-Tâm Nguyen, François Papirer, Galdric Subirana et Flora Duverger abandonnent progressivement les instruments qui composent leurs batteries pour jouer avec brio de l’attaché-case et des percussions virtuelles.
À ces quatre interprètes aux allures de cadres dynamiques, la marionnettiste Katharina Muschiol fait contrepoint : silhouette derrière les paravents, présence évanescente, elle s’apparente à un écho venu de loin... Ici se rencontrent et se confrontent deux espaces-temps, pour ouvrir au spectateur le champ des possibles.