FILM de Herbert G. Ponting
Grande-Bretagne
55 min.
Noir & blanc. Muet
Intertitres français
Version du film conservée dans les collections de La Cinémathèque de Toulouse et restaurée en collaboration avec les Archives françaises du film (CNC)
L’expédition Terra Nova - atteindre les premiers le Pôle Sud - menée par Robert Falcon Scott est restée l’une des plus célèbres explorations polaires. Menée entre 1910 et 1913, elle s’acheva par la mort de cinq explorateurs, dont Scott. Celui-ci avait apporté une caméra et ce sont ces images retrouvées près des corps gelés qui composent cet éternel silence.
Comme pour faire écho à l’expédition polaire de Scott où seul le départ était connu, ce projet repose sur une approche improvisée. Une mixité instrumentale en équilibre, une énergie première, un déploiement débridé qui cultive le goût de la mesure cassée, dite démesure. Seuls indices : ciné-concerts véritables et bruts, tutti orchestraux, techno sauvage, valses à deux temps... où court le train de nos envies.
Le volcan Erebus, dont cinquante paires d’yeux humains n’ont certes pu contempler la cime ébréchée, nous goûtons ce privilège de posséder dans une pourpre rose, sa fumée couchée sous le vent du pôle... Cette fumée rose et noire, cette image menaçante et magnifique, il a fallu, pour qu’elle vienne jusqu’ici, que des hommes - ceux-là qu’on nous montre noirs de froid, le visage pelé par plaques - partent, pris par la curiosité mortelle, de l’orgueil des «découvreurs».
Il a fallu que Scott, à la longue figure aventureuse et sage, s’éloigne sur le désert blanc, lentement, la main à la bride de son cheval, en envoyant - vers qui ? vers nous ? - un suprême, un inestimable geste d’«au revoir»... Il a fallu qu’il périsse, avec tous ceux-là dont les joues crevassées rient encore sur l’écran, et que, jusque dans la mort, en préservant les films, les clichés, les manuscrits, ils n’aient songé qu’à nous - nous, leur gloire.
Colette, L’expédition Scott au cinématographe