Cette œuvre puise son inspiration dans l’univers du polar, plus précisément certaines de ses déclinaisons cinématographiques. En fait, la pièce est conçue comme un espace de convergence de plusieurs fictions où des personnages appartenant à des films différents se répondent, entretiennent des rapports croisés. En filigrane, un semblant d’histoire semble tisser une trajectoire : un homme a disparu, on le cherche, on le découvre victime d’une machination, comme piégé et à jamais séparé de ceux qui l’aiment...
L'écriture pianistique découle de ces enjeux "narratifs" en se basant sur un matériau très concentré, constitué de trois éléments :
- une figure de trois notes "en appel", qui ouvre la pièce et marque les transitions (cette figure est en quelque sorte un signal)
- des groupes d'accords très rapides, tissant des lignes chromatiques, des trajectoires très intenses qui se fragmentent ou au contraire se resserrent en gestes très concentrés
- des "accords-couleurs" en carillons, évocation d'un espace intérieur, transitionnel, comme suspendu...
Chaque élément s'inscrit dans un processus de développement, en relation directe avec la bande son qui évoque tour à tour des moments de vive tension, des cassures, des conversations impossibles le tout non sans un certain humour et un clin d'œil à la notion de "cliché". L'omniprésence des voix-off et de bruits référentiels dans la bande son pourrait nous faire croire à une musique de film...
C'est en fait tout le contraire, la pièce étant véritablement conçue comme un "film de musiques" : à chacun de construire avec son imaginaire les visions qu'entraînent ces espaces sonores