J'ai découvert Apocalypse Now, chef d'œuvre de Coppola, d'abord par le son : disque vinyle, abîmé, scratches permanents recouvrant presque les voix de Willard ou du Colonel Kurtz ; j'ai aussi lu par la suite "Au cœur des Ténèbres" de Conrad, le livre adapté par Coppola pour son film. Enfin, quelques années plus tard, j'ai découvert le film, dans un cinéma de banlieue sordide, nous étions peu dans la salle…
Que reste t-il de cette Apocalypse ?
L'impression d'un mouvement de l'esprit à la fois incontrôlable et terriblement efficace… le son insupportable de la voix enregistrée de Kurtz au début du film… une vrai leçon sur la guerre et l'absurde… la puissance émotionnelle… la puissance irrationnelle… la jungle et le fleuve… l'homme en perdition…
J'ai retrouvé ce vinyle, abandonné à son triste sort d'objet obsolète alors que je cherchais le matériaux thématique de cette œuvre.
Et je suis parti dans les sillons abîmés avec une envie de bribes, de fragments… La mémoire de ce film est ainsi venu côtoyer celle de cet instrument si singulier, l'accordéon.
Lui aussi en état d'Apocalypse, usé par son passé iconique : encore aujourd'hui, dans les films étrangers qui évoquent la France, on entend presque obligatoirement de l'accordéon alors qu'un chaland traverse un boulevard une baguette de pain sous le bras !
Cette œuvre avance donc à la fois autour d'un état nostalgique (l'instrument étant pris pour ce qu'il fût, fragments récupérés de vieux bals de villages) en même temps qu'une énergie étrange, assez incontrôlable qui avance sans trop de liens au travers d'un espace onirique où l'on continue d'entendre des coups de canons, des cris et des guitares saturés.
Cette œuvre est dédiée à Pascal Contet
VIDEO : EXTRAIT - CONCERT À BERLIN 2016 - SILKE LANGE
VIDEO : CAPTATION INTÉGRALE - CONCERT À BERLIN 2016 - SILKE LANGE
Images
Concert de création, Pascal Contet et Pierre Jodlowski, Clermont-Ferrand - 2012 © Yoann Sanson