Série Bleue est la cinquième œuvre pour piano et bande son du cycles des Séries. Après Série Noire (sur le thème du polar), Série Blanche (en hommage au Roi sans divertissement de Jean Giono et sur le thème de l'absurde), Série-C (hommage à John Cage) et Série Rose (sur le thème de la pornographie), cette pièce est directement inspirée de mon expérience personnelle d'appréhension des bleus monochromes du peintre Yves Klein.
Il s'agit d'explorer un territoire en apparence minimal mais qui révèle très progressivement des contours tendus, des lignes heurtées, des systèmes de résonance et d'échos.
La pièce est au départ très lente, comporte peu d'éléments et l'écriture du piano se résume à quelques accords et formules qui se répètent ou se développent de manière assez simple.
Mais très vite, la bande son laisse apparaître des petits accidents, des fissures qui, comme dans la peinture de Klein vont contaminer la perception. Aussi, la musique se transforme en son milieu au travers d'une séquence pulsée qui grossit comme échappant au sujet lui-même. Car, comme dans la perception des bleus monochromes de Klein, il vient un moment ou l'esprit ne peut que s'échapper de cet espace clos, se laissant emporter par une autre logique, personnelle et contaminée par l'obsession de la couleur.
La bande son repose principalement sur des sons de basses électrique, volontairement conçus et interprétés comme un musicien virtuel qui serait au côtés du pianiste, agissant comme un double, révélant des harmonies et parfois tirant le propos vers une dimension saturée et électrique, dans une recherche d'énergie lente mais puissante.