Cette pièce prend la suite d’une œuvre pour ensemble, « People / Time » composée en 2003 pour le festival de Donaueschingen. Elle partage avec elle un même questionnement sur notre société, sur notre rapport aux autres, au temps, à l’argent...
Une façon comme une autre de dire cette révolte qui parfois m’habite face à l’absurdité d’un système économique et social à la dérive. Mais cette révolte est ici transposée, canalisée, devenant une trame sous-jacente de l’œuvre..
Après une introduction conçue comme un zapping radiophonique faisant émerger le thème de l’œuvre, la musique se déploie par la mise en route d’un cycle, d’un réseau dans lequel le musicien va peu à peu s'immiscer. Basée sur des boucles, des rythmiques simples, des échanges de gestes et de matières, la musique semble contrainte à un processus d'accélération inéluctable, comme notre obsession à vouloir aller toujours plus vite..
Conçues comme des présences cinématographiques et donc référentielles d'un autre imaginaire, les voix-off jalonnent l'espace sonore, créent une distance pseudo narrative, raconte le monde par bribes, critique d'un état fracturé de notre temps.
Dans la version avec vidéo, les images de synthèse de Vincent Meyer induisent un processus de dématérialisation des objets (une pièce de 1 euro, un amas de chiffres) et agissent comme une présence obsédante. L'objet virtuel, devenu une sorte d'icône désincarnée, crée une distance avec l'actualité et révèle l'intemporalité de la problématique Temps / Argent entraînant le musicien dans une métaphore de la dérive.