La bonne mesure de la musique demeure la démesure
Par Roland Duclos, 13 novembre 2016
Saisissant contraste sur le fond et la forme avec l’Ultimatum de Jodlowski. Passion incantatoire, requiem incendiaire, cantate pour la fin des temps, l’œuvre est tout cela à la fois : d’une violence absolue dans son actualité portée par la crudité du texte prophétique de Pessoa interdit lors de sa parution en 1917, et servie par le souffle non moins apocalyptique du compositeur. Langage musical extrêmement serré, à la syntaxe puissante précipitant des effondrements harmoniques et des fractures mélodiques sur un souffle cataclysmique inouïe. Belle performance d’un Orchestre d’Auvergne étonnement inspiré sous la direction sans concession de Yukihiro Notsu maîtrisant ce flux véhément traversé de terribles déchaînements organiques. De ce maelstrom sonore, course à l’abîme faite de déflagrations propitiatoires et d’inquiétants remugles, surgit une voix adolescente, incantatoire, ange ou Petit Prince exterminateur venu annoncer la malédiction du Jugement dernier baignée d’une lumière sang.
Roland Duclos